Bienvenue à bord vers les mers de demain
Texte et photos par Anne-Marie Asselin
Fondatrice et auteure de Lady Bleue - le grand voyage
Explorer | Conservation | Récit
Temps de lecture: 3 minutes
Texte par Anne-Marie Asselin
Mise en ligne 5 Décembre 2018
Découvrez le récit de notre fondatrice, Anne-Marie qui reflète sur plusieurs années de voyages, recherches et études. Elle nous fait découvrir un aperçu de sa vie, aux quatre coins de la planète, afin de protéger ce qui lui tient le plus à coeur, les océans!
Que nous réservent les mers de demain?
Si vous lisez ce document et que vous vous retrouvez ici, c’est probablement parce que vous avez un intérêt pour notre planète. Merci! Sinon, c’est par hasard ou par référencement, alors tant mieux! Restez-y, vous y apprendrez certainement quelques choses!
En tant que jeune scientifique, plongeuse et exploratrice des temps modernes, j’ai été témoin d’une multitude de phénomènes extraordinaires sur notre planète: des mouvements migratoires de requins de toutes sortes d’espèces, de la pondaison des coraux quatre jours après la première pleine lune du mois d’août (full ésotérique!), des orques sur les côtes pacifiques équatoriennes croisés en bateau à voile…
J’ai senti le vent froid, la brise chaude, j’ai vu l’horizon à perte de vue. J’ai même développé une passion photographique pour nuancer toutes les teintes de bleues que la mer nous reflète, plutôt émeraudes, plutôt bleues pâles, claires, foncées… Et ce, avant l’âge de trente ans. Je suis le reflet de ce que vous décrivez “la génération des enfants du millénaire”. Dans mon jargon, les milléniaux. J’ai donc pas mal voyagé, je n’ai pas d’hypothèque et j’utilise internet comme principal moyen de communication; typique quoi!
J’ai aussi été témoin, très jeune, de phénomènes moins beaux. Le voyage m’a confronté très tôt à la réalité distortionnée de l’Amérique du Nord. Comme disait Lavoisier, père de la chimie au début du 18e siècle: “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. J’ai réalisé assez tôt, début vingtaine que j’avais une importante responsabilité sur la laideur témoignée dans plusieurs pays. Depuis déjà plusieurs décennies, les déchets s’accumulent dans ces grands tourbillons appelés gyres océaniques, qui les ramènent ensuite sur les côtes, une marée à la fois. Et j'ai contribué à ce dépotoir. Depuis le jour où je suis née. Je n'avais aucune idée que je prenais part à cette affreuse vérité.
Rien ne se perd.
Je réitère Lavoisier, le plastique ne se perd pas! Je me suis donc retrouvée au beau milieu d’un gyre en Atlantique-est où j’étais entourée de bouteilles, cartouches tampons, ustensiles et plastique à usage unique divers. Il y avait aussi beaucoup de particules, je me demandais si les déchets intacts venaient de la côte. Je ne comprenais pas ce que je voyais. Je pouvais reconnaître quasi tous les déchets qui m’entouraient et leurs utilisations dans ma vie quotidienne, dans une soupe de particules. Un choc…
Il y avait aussi des gens, des peuples côtiers. Ces peuples ne semblaient pas vivre comme nous. Il ne semblait pourtant pas participer à cette pollution générée par les habitudes de vies nord-américaines. Ils semblaient si heureux avec ce que l’on qualifie chez moi, de rien du tout. Pourtant, ces peuples isolés sur les côtes, les petits états insulaires, dans des endroits qui devraient pourtant être intouchés, étaient plutôt ensevelis sous les déchets. Transportez-vous dans une marée de contenants et de particules de plastiques amenés par les courants sur leurs berges.
Rien ne se crée.
J’ai vu aussi la pêche, la surpêche, l’exploitation massive, celle qui attrape ou détruit tout sur son passage. Il y a eu le braconnage, le tourisme avide, les coraux criant à l’aide, les mangroves disparaissant de plus en plus, des mers trop toxiques pour pouvoir y tremper son orteil... La liste est longue. Il suffit de regarder, de porter attention. Notre environnement est sous une pression sans comparable.
Tout se transforme.
J’ai eu le privilège d’être témoin d’événements humains qui prouvent la force de l’union, comme à Paris en décembre 2015, lors de l’accord historique signé par les Nations Unies pour lutter les changements climatiques. En tant que jeune ambassadrice pour les océans au sein de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO, j’ai eu accès au pavillon des négociations où les délégations et les plus grands dirigeants mondiaux marchèrent les corridors de la COP21, pour conclure cet accord environnemental ambitieux. Mais j’ai aussi été appelé par tous les gens “normaux”, mobilisés par un événement politique historique, mené par la force et la croyance qu’un environnement sain constitue un droit fondamental pour l’humanité. Qui plus est, une marée de gens qui revendique que l’environnement devrait compter pour beaucoup plus dans le poids politique. J’ai vu l’espoir.
Tout cela me rappelle sans cesse la petitesse de mon existence et je ne peux rester sans mot. C’est pourquoi je porte ma voix, et main forte à notre chère maison bleue, aux animaux, aux plantes, au vivant et au non vivant, afin de véhiculer l’importance de sa protection, par mon vécu, mon expérience. C’est dans tout ce chaos actuel et ce manque de réelle structure juridique que l’environnement est un secteur détenant énormément de potentiel. Saviez-vous que l’Océan figure pour la première fois dans une convention internationale depuis sa signature officielle le 22 avril 2016, journée symbolique de la terre?
“Notant qu'il importe de veiller à l'intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l'importance pour certains de la notion de «justice climatique», dans l'action menée face aux changements climatiques, affirmant l'importance de l'éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation du public, de l'accès de la population à l'information et de la coopération à tous les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord, reconnaissant l'importance de la participation des pouvoirs publics à tous les niveaux et des divers acteurs, conformément aux législations nationales respectives des Parties, dans la lutte contre les changements climatiques, reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables de consommation et de production, les pays développés partis montrant la voie, jouent un rôle important pour faire face aux changements climatiques.”
-Accord de Paris, Nations Unies, 2015
#BluePriority
Les cartes sont sur table; beaucoup de gens, groupes, et organisations multiples s’allient dans cette mouvance. Je suis excitée pour demain, ce monde rempli d’opportunités environnementales, technologiques, innovantes où l’humain fait partie intégrante de son écosystème! Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et bien la voilà la transformation! Le monde de demain est très différent de celui d’hier. Il sera moins riche en biodiversité, il y aura beaucoup plus d’humains sur terre, mais il sera respectueux d’autrui, il sera plus propre et surtout plus durable, et il sera d’abord à l’écoute des écosystèmes. C’est pourquoi je vous amène voir tout ce potentiel qui réside sur notre littoral, tout le long de la côte américaine nord et sud. Il est temps de tourner la page, de parler des bons coups, et d’aller de l’avant en créant une vague de changement.
Bienvenue à bord, vers les mers de demain.
Anne-Marie Asselin
Fondatrice, Écologiste marine, conservationniste
Anne-Marie a un esprit scientifique et créatif très développé. Toujours avec une optique et un regard positif sur le monde, elle sait raconter des histoires tant à l'écrit qu'en photographie pour faire voyager, inspirer et outiller l'auditeur.