Le vote stratégique:
et si nous votions avec notre coeur?
Co-écrit par Jean-Sébastien Létourneau et Anne-Marie Asselin
Société | Élections | Opinion
Temps de lecture: 4 minutes
Texte par Jean-Sébastien Létourneau et Anne-Marie Asselin
Mis en ligne le 18 octobre 2019
Les élections fédérales du Canada c'est lundi le 21 octobre 2019 prochain. Le grand débat des élections fédérales cette année, c'est le vote stratégique. Qu’elle est la stratégie au juste?
Quelle stratégie au juste?
Six principaux partis sont en course pour les élections fédérales du Canada, ce lundi 21 octobre 2019 prochain.
Un des grands débats des élections fédérales cette année: le vote stratégique. Qu’elle est la stratégie au juste?
Beaucoup de gens ont peur. Peur du pétrole, peur de la transition, peur de l’immigration, peur d’un gouvernement conservateur, peur des changements climatiques, peur d’avoir peur. PEUR, PEUR, PEUR!
La peur n’est pourtant pas un argument. C’est un sentiment. Et la politique devrait s’en exempter. Aucun débat pertinent n’est fondé sur des émotions. Un débat pertinent est basé sur des faits.
Une fausse guerre de coude entre deux partis
Depuis la confédération, nous entretenons une réalité politique bipartisane, grand terme qui se traduit par deux partis se lançant la balle: les libéraux et les conservateurs. L’argument de la stratégie pour éviter de faire rentrer les libéraux ou les conservateurs, c’est à mon avis un faux débat. Au final, un vote stratégique, c’est se convaincre de ne pas voter pour ses valeurs et ses convictions. C’est justement choisir de voter par peur. Cette peur du changement, cette peur de voir d’autres se faire élire, cette peur d’avoir encore peur.
Il est important de noter que le choix n’est pas binaire, et que 6 partis sont réellement dans la course électorale.
Le pétrole comme argument de vente
L’affaire avec le pétrole, c'est que ce n’est pas propre. Même le pétrole le plus propre, comme certain prétendent des sables bitumineux canadiens, c’est que ça demeure polluant, très polluant. Qu’est-ce qui est plus propre entre deux choses polluantes? Ni l’une ni l’autre!
Investir dans l'or noir, ça ralentit les objectifs d’atteindre l’accord de Paris signé par le Canada en 2015, conseillé par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Choisir de ne pas croire les économistes et la science, c’est refuser les seules données empiriques existantes.
Le Canada occupe le troisième rang mondial des pays contribuant le plus au réchauffement climatique par habitant, révèle une étude menée par des chercheurs de l’Université Concordia.
La Norvège par exemple, a déclaré l’abandon progressif de ses actions dans les combustibles fossiles cette année, nation qui pourtant détenait un des plus grands marchés au monde. C'est un petit pas pour le pays scandinave, mais un grand signal adressé à l’économie mondiale, son parlement imposant à son fonds souverain de sortir du secteur des énergies fossiles pour prendre des participations dans des entreprises actives sur les marchés du solaire et de l'éolien.
Photo de sables bitumineux tiré de Environmental Defence
Les énergies renouvelables
C’est maintenant prouvé que les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire sont plus rentables que le pétrole. Le marché est en train de changer, comme la terre continue de tourner, et les pôles en train de fondre...
Les pipelines vont maintenant servir à vendre du pétrole à des raffineries qui investissent de plus en plus dans des industries de transformation pour produire notamment... du plastique (parce que la demande pour le gaz baisse, on trouve des moyens de passer tout ça en produits dérivés).
On parle de 40% de hausse de l’industrie du plastique dans les prochaines décennies, sur une planète où nous sommes nous-mêmes confinés à notre propre environnement.
On se rappelle: le plastique
est fait à partir de pétrole,
et seulement 9% de celui-ci est recyclé au Canada et mondialement.
Photo d'éoliennes en Norvège tiré de Statkraft
La marche climatique du 27 septembre 2019
Le Canada a signé ledit accord de Paris afin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030. Nous sommes bien loin de cet objectif à ce jour. Mais les partis ont tous un plan bien précis sur la question, dans leur pamphlet électoral respectif. Il s’agit ici d’une bonne piste pour orienter votre vote si vous avez à coeur le respect de cet accord mondial. 500 000 personnes ont marché pour voir la lutte aux changements climatiques prendre plus de place dans le discours politique au Canada. C’est une personne sur 14 au Québec qui était à Montréal seulement cette journée-là. Ça, c’est le reflet de ce que pourraient être 500 000 personnes qui votent avec leur coeur, et non par la peur. Parce que la peur les aurait gardés confortablement dans leurs foyers, leurs écoles ou dans leurs métiers respectifs cette journée-là.
Photo aérienne de la marche climatique à Montréal, tirée de The new climate
Nos convictions
Imaginez si chacun votait selon leurs convictions… On aurait un gouvernement plutôt représentatif de la volonté des gens et non pas basé sur la peur, la peur du changement ou la peur de la nouveauté. Encore une fois, 6 partis sont en course.
Et tous peuvent être représentés à l’Assemblée nationale, de plusieurs façons.
Le choix n’est pas binaire.
Lisez les programmes électoraux. Allez au fond des choses, informez-vous sur les faits. Basez votre vote sur votre vision de ce qu’est le Canada en 2019, et non par peur de voir un autre gouvernement prendre le pouvoir. N’oubliez pas, plusieurs partis peuvent être représentés à l’Assemblée nationale, chose plutôt saine dans une société hétérogène!
C’est un privilège d’être canadien et de pouvoir bénéficier de la démocratie. C’est un devoir de citoyen d’aller voter, mais surtout un devoir envers soi-même.
Je vous souhaite de prendre la bonne décision pour vous, pour ce que vous jugez de bien, et ce qui est juste pour nos enfants. J’ai voté avec mes convictions par anticipation, mais j’ai surtout voté avec mon coeur. Il s’agissait pour moi de la meilleure stratégie.
Lundi prochain, laissez la peur de côté et allez vous aussi voter vous aussi avec votre coeur.
Bonnes réflexions et bonnes élections.
Jean-Sébastien Létourneau & Anne-Marie Asselin
Co-fondateurs de l'Organisation Bleue
Nos deux rédacteurs sont aussi les deux fondateurs de l’Organisation Bleue.
Rêvant de faire du cinéma et de la vulgarisation scientifique, ensemble, ils se lancèrent dans l’aventure entrepreneuriale depuis maintenant deux ans.