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Carnet de bord -

Partir

Dans le cadre de l'Expédition Bleue

Mis en ligne le 28 août 2022

Co-écrit par les chercheuses de l'Expédition Bleue: Camille Deslauriers, Kateri Lemmens, Tina Laphengphratheng, Erika Arsenault, Geneviève Tremblay et Laura Rowenczyk

À bord de l’impressionnant voilier Ecomaris, un équipage diversifié, mené par 7 femmes, dont certains issus de la communauté LGBTQ2+ et leurs acolytes participeront au projet qui parcourra le golfe du Saint-Laurent et ses rivages pendant près de trois  semaines pour étudier et documenter la pollution plastique et témoigner des changements climatiques.

Durant le périple de 20 jours au coeur du golfe du Saint-Laurent, nous publierons une panoplie de carnets de bord, microrécits et cartes postales, le tout produit par l'équipe à bord du voilier. 

Bienvenue à bord!

Partir

On arrive à bout de souffle parce qu’avant la mission, il y a toutes nos vies derrière nous.

 

Les mariages. Les séparations. Les ruptures qui broient. Les déménagements parce que les moisissures, les souris, les propriétaires. Les obstacles. Les pages à produire. Les trente mille choses à planifier. Les chaussons de bébés à tricoter avant de quitter les nids.

 

La rentrée, les plans de cours, les courriels des dirigées qui attendent une réponse. La meute de chats, l’arrivée de leur gardienne, les câlins d’aurevoir. Les parents qui vieillissent, le départ en avion de sa sœur, la peine qu’on ravale.

 

La douce moitié qui nous dit je vais m’ennuyer.

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Les achats compulsifs : d’autres lingettes écologiques, des souliers d’eau, des bottes de pluie colorées, encore de la crème solaire, du Voltaren – le sac qu’on force à fermer.

 

On arrive à peine et on a déjà appris comment faire une corde de pendu, on a perdu trois fois sa brosse, on a parlé d’écoanxiété, on s’est livrée, je suis revenue d’une fin de semaine au chalet et il était parti, on a confié ses craintes au sujet du carré de l’Ecomaris, la dernière fois que j’ai dormi dans un dortoir, j’avais onze ans.

 

On arrive enfant fébrile avide et vulnérable.
 

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On arrive au milieu du sable des forêts d’épinettes. On arrive à Sept-Îles au port au vieux quai aux deux mats. Et, très vite, beaucoup de visages inconnus – et le navire qui sera la maison. Son bois, sa chaleur.

 

On crée notre cocon au milieu des autres dans les petites couchettes superposées.

 

On apprend à partager. Les tâches, la cuisine, la croustade. Pomme poire gingembre : une odeur de souper de famille.

 

On a attendu la pompe qui sert à filtrer les échantillons. Deux jours de retard. Le cœur du projet : mesurer la quantité de microplastiques dans l’eau.

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Les achats compulsifs : d’autres lingettes écologiques, des souliers d’eau, des bottes de pluie colorées, encore de la crème solaire, du Voltaren – le sac qu’on force à fermer.

»

On imagine souvent que la chimie est une science exacte, prévisible, factuelle. Au laboratoire, quand on équilibre une réaction, celle-ci conduit à un résultat.

 

Sur un bateau, c’est différent.

 

On est rattrapé par la météo, par les retards de livraison, par les appareils non calibrés. En attendant la pompe, on comprend que tout va vraiment arriver. Prendre la mer, naviguer de nuit, d’un seul coup, ça ne ressemble plus au fantasme d’avant.

 

Sur les planches de bois craquant, on regarde l’horizon. L’air salin chargé de souvenirs d’enfance. Un groupe vivant sous le même toit.

 

Silence sur le pont.

 

Peu importe combien de fois on largue les amarres,

c’est la tête qui part en dernier.

 

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Photos «selfie» des 8 femmes de recherche et recherche-création à bord de l'Expédition Bleue. À gauche en haut: Laura Rowenczyk, Camille Deslauriers, Geneviève Tremblay, Viridiana Jimenez, Kateri Lemmens, Tina Laphenphrateng, Erika Arsenault en bas à gauche, et Anne-Marie Asselin.

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