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Microplastique:

la menace invisible

Par Alexis Eisenberg

Fondateur et directeur général de Poly-Mer 
 

Technologie | Pollution plastique | Entrepreneur 

Temps de lecture: Environ 5 minutes

Texte par Alexis Eisenberg 

Mise en ligne 12 juin 2020

Dans le cadre de la semaine des océans, l’Organisation Bleue vous partage des récits de nos collaborateurs, pour faire découvrir leurs histoires à la fois inspirantes et instructives. Immergez-vous dans notre thématique de la pollution plastique. 

 

#SemainedesOceansQc

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Entretien avec Alexis Eisenberg, fondateur et directeur général de Poly-Mer, une jeune entreprise québécoise qui développe une méthode pour prélever des microplastiques de l’eau pour mieux comprendre l’ampleur de leurs présence, principalement dans le fleuve Saint-Laurent.

La pollution aquatique par le plastique inquiète de plus en plus. On en parle surtout pour le milieu océanique, quelle est son envergure?

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L’inquiétude est justifiée puisque 300 millions de tonnes sont produites par l’industrie du plastique chaque année pour répondre à une demande mondiale... en croissance. C’est 8.8 millions de tonnes (1 éléphant = 1 tonne) qui se retrouvent dans les eaux et les océans de la planète chaque année. Ceci représente 1 camion de 15 tonnes de déchets plastiques qui se déversent chaque minute pendant une année. 

 

Les océans sont pollués par les déchets, tels que des bouteilles, bouées, filets et autres contenants et produits (90% sont en plastique). De ces plastiques marins, environ 80% sont estimés avoir été apportés en mer par les fleuves, le vent ou sont de provenance terrestre.  Ces plastiques sont responsables de l’étranglement des mammifères marins, s’accumulent dans le système digestif de millions d’oiseaux, de tortues et de baleines. 

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Le plastique continue plus normalement son chemin en flottant. Il se fragmente encore et encore par l’action des vagues et des obstacles qui créent du frottement ou par le soleil qui durcit le polymère. Les morceaux devenant de plus en plus petits se transforment en une sorte de poussière de plastique sous-marine, connue sous le nom de microplastique. Cette poussière continue d’affecter le monde du vivant sans que nous puissions voir leur présence et qui plus est, bien comprendre leur effet à long terme. 

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« Il y a plus de microplastiques

dans nos océans que d’étoiles

dans toute la galaxie. »

À l’échelle du microplastique, plus petit que 2 microns en taille, la vie pullule. C’est à la base de la chaîne alimentaire, au niveau microscopique, que se trouve le plancton. Il consomme lui aussi des microplastiques en guise de repas. Ces minuscules particules ont tendance à accumuler des agents toxiques, telle une éponge (métaux lourds, PCB, DDT), tout en remontant le long de la chaîne alimentaire. C’est-à-dire qu’en plus de consommer du plastique, les organismes vivants accumulent de plus en plus de toxines.

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Les microplastiques ingérés par les poissons, moules, crustacés, ou même retrouvé dans le sel de mer, sont consommés par l'homme qui est situé en fin de chaîne alimentaire. Les scientifiques du monde entier sont actuellement en train de démontrer les effets de ce phénomène souvent décrit comme étant « de la poubelle à la table ». Ces toutes petites granules, inférieures à 5 millimètres, il y en aurait plus de 5 milliards de milliards sur notre planète. Il y a plus de microplastiques dans nos océans que d’étoiles dans toute la galaxie. Et nous avons entièrement produit ce problème nous-mêmes! 

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Avons-nous raison de penser que ce problème est surtout localisé dans les grands océans?

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On retrouve malheureusement cette forme de pollution également dans le fleuve Saint-Laurent. Des publications scientifiques des dernières années le confirment : du plastique il y en a partout et en importante quantité ! Autant dans les Grands Lacs que le long du Saint-Laurent. Vous en avez peut-être même été témoin lors d’une récente balade en milieu côtier. 

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Des études effectuées dès 2012 démontrent de fortes concentrations de microplastiques dans les Grands Lacs (39 particules de plastiques retrouvés pour 100g de sable, Dean et coll.,2016). La présence de plastique a été retrouvée dans les sédiments du Saint-Laurent à travers une étude conduite par l’université McGill en 2014 : plusieurs milliers de particules par mètre cube de sédiment, soit une concentration largement supérieure à celles des sédiments marins que l’on retrouve dans les secteurs les plus contaminés du monde. Toutefois, le Saint-Laurent reste encore sous-étudié sur cette question avec trop peu de données. Des données pourtant nécessaires pour remonter à la source de cette pollution et mettre en place des mesures d’atténuation adaptées et ciblées.

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« Les microplastiques sont à l’eau

ce que les gaz à effet de serre sont à l’air: 

une pollution invisible,

diffuse et sans aucune frontière. » 

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Qu’est-ce que le Canada a fait jusqu’à présent?

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Les pays industrialisés, comme le Canada, font partie du problème. Ils doivent maintenant aussi faire partie de la solution afin de résoudre le problème. Depuis le 1er juillet 2018, le Canada applique le Règlement sur les microbilles dans les produits de toilette, premier grand pas dans la bonne direction, notamment dans les pâtes dentifrices. Des choix d'exfoliants naturels existent, tels que les billes faites d’écorces ou de noyaux de fruits, le sucre, etc. Cependant les microbilles dans les produits de toilette ne sont qu’une partie du problème.

 

Il y a d’autres sources issues de notre quotidien ainsi que dans certains procédés industriels, et leur utilisation est en croissance : granules de plastiques industrielles pour faire des objets thermomoulés («pelets »), fibres de vêtements (ex. : polyester), les filtres de cigarettes, les microbilles utilisées dans les produits abrasifs, la dégradation de macroplastiques (bouteilles, sacs, etc.). Il y a encore beaucoup à faire.

 

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Depuis 2018, le règlement canadien interdit la fabrication, l’importation et la vente de produits de toilette qui contiennent des microbilles de plastique, y compris les cosmétiques, les médicaments sans ordonnance et les produits de santé naturels.

Une start up fondée sur le partage de données!

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Poly-Mer propose la mise en place d’un projet de science participative (citizen science) par échantillonnage afin de pouvoir couvrir une multitude de cours d’eau. L’idée est de faire participer les communautés riveraines, nautiques et écotouristiques à la cueillette d’information, tout en offrant une formule à la fraction du coût vis-à-vis des méthodes d’échantillonnage actuelles, soit 2% du coût.

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Pour engager les participants dans la Communauté Poly-Mer (Poly-Mer Community), nous développons et proposons des outils innovants et adaptés, soit un échantillonneur à microplastiques pour des petites embarcations (canot, kayak, navire à faible vitesse) ainsi qu’une application mobile faisant le lien entre l’échantillon collecté, la base de données de Poly-Mer ainsi que les cartes interactives de nos partenaires pour la visualisation de données recueillies.

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En bâtissant cette base de données géoréférencée par l’approche proposée, Poly-Mer réalise un lien fort entre les citoyens collectant des échantillons lors de déplacements sur l’eau, la communauté scientifique entourant le protocole d’échantillonnage et les analyses en laboratoire, et les décideurs publics et privés souhaitant agir sur la problématique des microplastiques.

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Parce que l’on protège mieux ce que l’on connaît, Poly-Mer propose dans son plan d’affaires 2019-2021 une approche d’intelligence collective en termes de données ouvertes, d’implication citoyenne et de collaborations transversales entre des parties prenantes, citoyens, scientifiques, décideurs et industriels encore peu habitués à travailler ensemble sur des problématiques aussi complexes que la pollution par les microplastiques.

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Une invitation de la part de Poly-Mer

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Pour les citoyens : éviter les plastiques à usage unique et privilégier le réutilisable. Nous allons d’ailleurs bientôt travailler avec un partenaire en ce sens pour proposer d’autres choix. Demandez à votre municipalité de participer au projet de la Communauté Poly-Mer afin de créer des données sur votre territoire de plein air.

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Pour les municipalités : Informez-vous sur cet enjeu et contactez-nous pour discuter de la Charte, celle-ci peut s’adapter selon votre réalité territoriale et vos enjeux. C’est également une belle façon de tisser un lien concret avec votre communauté nautique ayant à cœur la qualité des eaux.

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Pour les entreprises : Vous faites partie de la solution et nous avons besoin de vous à nos côtés pour trouver des solutions et tenter d’enrayer le problème. Nous sommes ouverts à la discussion, rejoignez notre cause, faites partie du mouvement.

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Alexis Eisenberg

Entrepreneur | environnementaliste

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Alexis Eisenberg est le fondateur et directeur général de Poly-Mer, une jeune entreprise québécoise qui développe une méthode pour prélever des microplastiques de l’eau pour mieux comprendre l’ampleur de leurs présence, principalement dans le fleuve Saint-Laurent. Alexis a un baccalauréat en océanographie, une maîtrise en gestion des ressources maritimes et œuvre dans le domaine de l’environnement et plus particulièrement en gestion des matières résiduelles depuis près de 10 ans. La santé du fleuve passe par une meilleure compréhension de l'écosystème selon lui. Parce qu'on protège ce que l'on aime!

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