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Carnet de bord 04

Tristes trésors

L'Île aux Lièvres, l'Île aux Fraises et l'Île Blanche
47°53'28.2"N 69°42'03.2"O | 47°45'46.6"N 69°48'03.4"O | 47°55'41.8"N 69°40'21.8"O

By William Gagnon

Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt

By William Gagnon

Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt

Environment | Society | Case file

Ecoanxiety and the ecological grief, the new state of mind

Imagine you are walking through a forest by yourself in the woods, with your earphones on, lost into some deep thoughts.  Suddenly, a bear appears a few metres ahead and it’s running towards you. Your body gears into a reaction, survival mode that we call fight or flight.   This is how various animals fled from predators, and survived.  This fight or flight mode is a constructive unpleasant emotion : it’s allowed us to evolve and survive up to this day.

 

Now you’re on the bus home reading the news.  Melting glacier. Rising sea levels. Increasing carbon dioxide levels, and politicians stalling more than ever.  You’re getting this very uncomfortable feeling. Depressed, anxious, sad, outraged : Ecoanxiety is also a Constructive Unpleasant Emotion; but you need to know what to do with it. However uncomfortable it might make us feel, however annoying it might be (we have a strong tendency to avoid thinking about it), we as a species need to figure out ways to react to it.  It might just save our existence on this planet. 

 

Watching the slow and seemingly irrevocable impacts of climate change unfold, and worrying about the future for oneself, children, and later generations, may be an additional source of stress (Searle & Gow, 2010). Albrecht (2011) and others have termed this anxiety ecoanxiety. Qualitative research provides evidence that some people are deeply affected by feelings of loss, helplessness, and frustration due to their inability to feel like they are making a difference in stopping climate change (Moser, 2013).

Now humans are faced with the threat of extinction -- yet we are slow at running away from the danger.  We are bombarded with negative news on a daily basis and this is causing a lot of anxiety. We are slowly building a set of emotions that is helping us as a species survive this existential threat, and ecoanxiety is one of them: it’s a constructive unpleasant emotion, if you know how to channel it. 

 

Some of us have an easier time expressing it, like Greta Thunberg; she is very open about her Asperger’s syndrome that allows her to see only black and white. In her TED talk, she explains that it is one of the reasons why she is speaking up about climate change.

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“Walked out this morning, I don’t believe what I saw

A hundred billion bottles washed up on the shore

Seems I’m not alone in being alone

Hundred billion castaways looking for a home

 

I’ll send an SOS to the world

I’ll send an SOS to the world

I hope that someone gets my

I hope that someone gets my

I hope that someone gets my

 

Message in a bottle”

 

The Police, 1979

Île aux Lièvres

 

Huitième nettoyage de berges. Avant d’y arriver, on doit suivre le sentier de la mer du Sud, puis le sentier de la traverse. On marche vers la Pointe Ouest de l’Anse de Sable. On s’enfonce dans la forêt. Presque deux kilomètres avant d’apercevoir à nouveau le fleuve. 

 

On est poursuivies par des milliers de moustiques. On vient de tuer trois maringouins qui se gavaient sur un même doigt. On a chaud. On sue. On a l’impression qu’on est rouge comme l’imperméable Helly Hansen qu’on porte. Mais, on continue à marcher en file, comme des joyeux naufragés oubliés sur l’Île aux lièvres.

 

On est émerveillées par l’expérience olfactive. Dans ce tunnel de verdure, on respire autrement. Fraîcheur de l’air, notes d’épinettes et de chèvrefeuille. On s’arrête parfois pour photographier des sabots de la vierge. On reconnaît aussi une talle de lépiotes félines communément appelées “nez-de-chats”. On s’ennuie de nos félins. 

 

Coup de nostalgie. 

 

On revient vite au présent. Les capuchons jaunes qui nous précèdent sont déjà rendus loin devant. On peine à suivre les autres, parce que la cinquantaine a frappé fort dans les hanches et l’arthrose s’est emparée de nos os, mais on avance vers nos collègues qui, déjà, nettoient les berges.

 

Au bout du sentier, on fait un selfie écarlate. On sourit. On est fière d’avoir marché autant – et la vue est époustouflante : une longue haie d’églantiers borde la grève. Devant, le fleuve. Le paysage se décline en camaïeu gris. Eau, montagnes embrumées de la rive nord, ciel. Une vraie carte postale. 

 

Et pourtant.

 

Sur la bâche bleu vif où sont vidés les sacs et les sacs de déchets collectés pendant le nettoyage défilent : 1508 morceaux de styromousse de 5 cm et moins; 135 fragments de plastique rigide; 23 applicateurs tampons en plastique; 107 bouchons en plastique; 55 bouteilles en plastique; 7 ampoules; 20 bidons à liquide d’un litre et plus; 6 briquets; 9 jouets en plastique – figurine de chevalier du Moyen âge, balle noire, volant de badminton nous surprennent; 4 souliers, semelles ou sandales orphelin.e.s; 11 bâtonnets de coton tige; 8 sachets d’emballage de collation laminés; 31 cartouches de fusil; 52 gros morceaux de styromousse; 41 parcelles de pellicule plastique. 

 

En attendant la catégorisation des rebuts, on les classe par couleur et on les photographie sous tous leurs angles. Série bleue, série jaune; série verte; série jadis transparente; série rouge. On prend des notes dans son carnet. Beauté plastique ? L’antithèse choque. Pourquoi jeter encore « tout ça » dans la nature ? La question s’incruste comme la végétation dans la mousse de polystyrène. 

 

On a même trouvé le grand amour scellé sous vide dans une minuscule bouteille de verre.

 

On n’a pas libéré le génie. 

 

À l’âge qu’on a, ça fait longtemps qu’on n’y croit plus, au grand Amour.

Camille Deslauriers

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On débarque sur l’île aux Fraises et les vagues tranquilles nous arrivent aux genoux. Le rivage touffu s’avère assez propre, il faut regarder à l’orée de la dune ou dans le détail des lignes de marées pour trouver des petites pellicules de plastique transparentes, rouges, bleues ou vertes. Des mésoplastiques, a-t-on appris, dont la taille se situe entre celles des microplastiques et des macroplastiques. Cette plage est nettoyée deux fois par année par des promeneurs attentifs. Quand on déplace notre recensement vers des plages moins fréquentées, de l’autre côté de la pointe du Bout d’en Bas, surgissent les tristes trésors. Même si l’équipe scientifique nous a raconté l’abondance des déchets, elle nous surprend. On peut s’accroupir n’importe où à travers les morceaux de bois flotté et se remplir les mains de morceaux de plastique. Bientôt, il n’y a plus de place entre les doigts pour les déchets qu’il reste à ramasser, et la respiration s’accélère. Nos yeux sondent frénétiquement la parcelle, s’embuent un peu. Il faut se souvenir de chaque trouvaille pour revenir la chercher. On a l’impression que tout ce qu’on oublie sera perdu, que le fragment de plastique qu’on laissera derrière sera avalé par la plage et que la contamination sera irréversible. 

On nomme chaque déchet pour qu’il soit entré dans la base de données. Un baril, un pneu, du styromousse, des bouteilles, le Gaétan-des-Berges, un gros morceau de styromousse, un petit morceau de styromousse, une cannette, du styromousse, petit morceau de styromousse, styromousse, styromousse, gros morceau de styromousse, styromousse, styromousse styromousse styromousse styromousse styromousse styromousse styromousse styromousses styromousse styromousse styromousse styromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromoussestyromousse...

On a compté jusqu’à 528 et tous les mots qu’on connaît ont été éclipsés par un seul.

Rose Gagnon-Yelle

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Trompe-l’œil

 

Au fil des ramassages, nos regards s’affutent. On apprend à débusquer le moindre petit morceau de plastique caché dans le sable, les hautes herbes ou les rochers. Désormais, dès qu’on met le pied à terre, on scrute les alentours, à la recherche de formes, de couleurs et de textures particulières, propres aux déchets en plastique.

 

Et pourtant, les trompe-l’œil sont nombreux : écorces de bouleau, coquillages, algues séchées, pétales d’églantiers. La Nature, elle aussi, produit des blancs immaculés, des couleurs vives et des textures translucides. Et dans notre chasse au plastique, on se sent souvent désappointée de tomber sur un élément naturel. N’est-il pas paradoxal d’être déçue de découvrir une coquille de moule quand on pensait ramasser un morceau de plastique bleu ?

 

Sur l’île Blanche, on se sent privilégiée. Cette réserve faunique, interdite aux humains, abrite plusieurs espèces d’oiseaux : goélands marins, goélands gris, eiders. On cherche le plastique échoué sur les berges, transporté par les courants du fleuve. Ici aussi, les trompe-l’œil se cachent parmi les morceaux de styromousse, les bouteilles en plastique et les gants en latex.

 

Les coquilles d’œufs vides sont particulièrement fourbes. Affaissées et ramollies, elles ressemblent à s’y méprendre à des morceaux de plastique blanc. Ce n’est qu’à force d’en voir qu’on parvient à les reconnaître. L’apprentissage continue.

 

 Sophie Valiergue

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