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Carnet de bord 05

Insulaires et multisensorielles

L'Île aux Pommes
48°06'23.8"N 69°19'19.7"W

By William Gagnon

Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt

By William Gagnon

Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt

Environment | Society | Case file

Ecoanxiety and the ecological grief, the new state of mind

Imagine you are walking through a forest by yourself in the woods, with your earphones on, lost into some deep thoughts.  Suddenly, a bear appears a few metres ahead and it’s running towards you. Your body gears into a reaction, survival mode that we call fight or flight.   This is how various animals fled from predators, and survived.  This fight or flight mode is a constructive unpleasant emotion : it’s allowed us to evolve and survive up to this day.

 

Now you’re on the bus home reading the news.  Melting glacier. Rising sea levels. Increasing carbon dioxide levels, and politicians stalling more than ever.  You’re getting this very uncomfortable feeling. Depressed, anxious, sad, outraged : Ecoanxiety is also a Constructive Unpleasant Emotion; but you need to know what to do with it. However uncomfortable it might make us feel, however annoying it might be (we have a strong tendency to avoid thinking about it), we as a species need to figure out ways to react to it.  It might just save our existence on this planet. 

 

Watching the slow and seemingly irrevocable impacts of climate change unfold, and worrying about the future for oneself, children, and later generations, may be an additional source of stress (Searle & Gow, 2010). Albrecht (2011) and others have termed this anxiety ecoanxiety. Qualitative research provides evidence that some people are deeply affected by feelings of loss, helplessness, and frustration due to their inability to feel like they are making a difference in stopping climate change (Moser, 2013).

Now humans are faced with the threat of extinction -- yet we are slow at running away from the danger.  We are bombarded with negative news on a daily basis and this is causing a lot of anxiety. We are slowly building a set of emotions that is helping us as a species survive this existential threat, and ecoanxiety is one of them: it’s a constructive unpleasant emotion, if you know how to channel it. 

 

Some of us have an easier time expressing it, like Greta Thunberg; she is very open about her Asperger’s syndrome that allows her to see only black and white. In her TED talk, she explains that it is one of the reasons why she is speaking up about climate change.

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L’île aux Pommes existe d’abord par le clapotis des vagues sur le zodiac qui s’approche du quai. Suivent des milliers de cris plus aigus les uns que les autres. Sifflements, vocalises, piaillements, babil, railleries, pépiements. On est éblouies. On n’avait jamais entendu autant d’oiseaux, avant de naviguer entre les îles de l’estuaire du Saint-Laurent pendant l’Expédition Bleue.

 

On monte l’escalier centenaire qui mène au chalet de la famille Déry. C’est un défi : il est à pic. Une fois arrivées au sommet, on s’arrête pour écouter. Écouter vraiment. On ferme les yeux. On se questionne. Le chant des oiseaux est-il considéré comme de la musique ? On imagine la partition à mille et une voix. On essaie de discerner dans quelle tonalité chante le chœur, qui en est le maestro. On isole quelques notes précises, on tente de calculer les intervalles entre les sons. Il y en a trop. On abdique. On aimerait tellement ça, avoir l’oreille absolue. 

 

On découvre que certaines d’entre nous ont de véritables talents d'imitatrices. 

«

On lit quelque part que, comme les humains, les êtres ailés ont des accents régionaux. 

La nature nous épatera toujours.

»

»

 

En deux clics sur le cellulaire, on consulte le Registre de la Réserve nationale de faune des îles de l’estuaire. On navigue de site en site. On lit quelque part que, comme les humains, les êtres ailés ont des accents régionaux. 

 

La nature nous épatera toujours.

 

Lors de la conférence donnée par M. Déry, on s’enthousiasme : une colonie de trois mille cinq cents femelles eiders nichent maintenant ici. Trente ans auparavant, avant qu’il n’ait le privilège d’être le propriétaire de l’île et qu’il décide de faire d’elle « un milieu naturel où ça sent la rose », elle était envahie par les cormorans et les goélands – et entièrement tapissée de guano. Aujourd’hui, elle héberge 135 espèces d’oiseaux. « La biodiversité, c’est la vie. L’île aux Pommes est devenue une réserve naturelle en milieu privé. » Malgré tout, moins de 5% des canetons d’eiders survivent à la gloutonnerie des goélands marins. 

 

On s’attriste.  

 

Pourtant, on sait. L’instinct de survie, la chaîne alimentaire, l’équilibre des écosystèmes. Mais, depuis qu’on les a entendues, ces statistiques tournoient dans nos têtes comme les mouettes dans le film d’Hitchcock.

Camille Deslauriers

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Gaston regarde l’océan
sait que c’est un fleuve

et l’appelle la mer

les yeux fermés il reconnaîtrait 

la couleur de son île 

son île à lui, désormais à ses enfants, notre île à toustes

 

elle a besoin qu’on la voie

la science comme bouclier

l’attention créatrice 

qui s’éternise et éternise

 

c’est quelque chose de simple 

une histoire

mononcle Gaudreault grand-père Dery

goélands cormorans bourrasques 

l’évidence d’une mission et une odeur de rose en guise de promesse

aménager le sauvage pour qu’il s’enracine

se libère

 

un bruant chanteur pinson égosillé

ameute ses amis

et l’eider philopatriote 

lui aussi héritier d’un amour insulaire

une halte luxueuse pour les cravants les ardoisés les parulines

 

Gaston de son vivant décide perpétuité 

choisit la vie le vrai le rêve tenace

ce qu’un citoyen ordinaire
peut faire

ce qu’un coup de vent en plein visage

peut faire

 

ensemble on regarde l’île 

dans notre champ de vision

les amitiés nouvelles apaisent

d’abord ce goéland qui a soutenu notre regard 

sa sagesse dinosaure comme un défi

puis les yeux sourires de Natalie

et ceux d’Éloi toujours levés

à chercher peut-être le fond des choses

Kateri qui devient lumière

amarres tendues entre ses rives et l’horizon

son regard se souvient du jamais vu 

dans les yeux de Laurence la fierté d’une famille 

où nicher maintenant en cohérence

et Hanna débordante jusque dans les yeux 

 

tu te souviens de l’amour qui t’a menée ici

tu le ramèneras chez toi

on le ramènera chez nous

on sèmera à tout vent 

des petites îles aux Pommes

sans essayer de contenir 

toutes nos teintes de bleues

Rose Gagnon-Yelle

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1,9 km de long. 

160 m de large.

23,53 hectares de superficie. 

 

Une des plus belles choses qui peut exister sur terre : une réserve naturelle. 

Une réserve conçue, entretenue, protégée par son gardien humain, Gaston Déry. Un lieu qu’il comprend de l’intérieur, comme nul autre.

 

Il n’y a pas de pommes sur l’Île aux Pommes. Il n’y en a jamais eu. Il y avait des petites baies, des « petites pommes de terre », des airelles.

 

Comme l’a dit Roldophe Lasnes, écrivain voyageur, invité pour échanger avec nous autour des écritures insulaires : on dirait un grand bateau de pierre au milieu de l’estuaire moyen. 

 

La surface de l’île, comme un épiderme, a été pensée et restaurée pour favoriser la biodiversité, la faune aviaire. Grâce aux arbustes – framboisiers, groseilliers, rosiers – elle abrite les eiders, fragiles, la deuxième plus grande colonie de l’estuaire. Y séjournent des centaines d’oiseaux migrateurs. 

Les petites mouettes tridactyles, si douces, avec leurs poussins.

Des hirondelles bicolores de mer, les plus amicales qu’on a jamais observées. 

Cette île est infiniment maternelle, protectrice. 

 

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Et elle peut l’être parce qu’on a veillé sur elle avec tendresse, émerveillement. 

Elle est la preuve de ce que l’amour d’un lieu peut faire de meilleur en ce monde : le sauver. 

Elle est la preuve vivante que « la beauté peut sauver le monde » (comme l’écrivait notre cher Dostoïevski). 

Et parce que c’est une île, un territoire isolé et délimité, on peut vraiment observer les effets des actions bénéfiques des humains pour la biodiversité. 

Ça nous rentre dedans : tout n’est pas vain. 

»

Elle est la preuve vivante que

« la beauté peut sauver le monde ».

»

 

Être, physiquement, en chair et en os, sur l’Île aux Pommes, c’est ressentir toute la vérité du terrain, l’exigence physique de la mission : il fait froid, humide, on gèle. C’est juillet, et, en pleine canicule dans le Centre-du-Québec, on a fait un peu de déni en emportant des camisoles. On regrette la doudoune laissée à la maison, on bénit le suit Helly Hansen. On rêvait d’être dehors : on est dehors. Vraiment loin du bureau, exposée. On n’est pas devant son ordi, devant les données, on est là, dans un corps-à-corps avec le territoire. Et le corps parle, il est narratif si on s’arrête pour l’écouter, de l’intérieur. Des fois, on se dit qu’on aurait tellement dû l’écouter davantage. L’île parle elle aussi. Elle parle vie, elle parle oiseaux, elle parle soin, elle parle ravage quand les goélands marins foncent sur les poussins eiders pour les dévorer. Comme ailleurs, elle parle plastique. Et le pire, ce sont les innombrables billes de polystyrène en train de se fragmenter qui s’incrustent entre les stries de la roche. Et celles-là, c’est quasiment impossible de les ramasser ! 

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À la fin de la journée, on retrouve la joie qu’on ressent après les nettoyages, la joie de laisser un lieu en meilleur état qu’on l’a trouvé, la joie de participer, ne serait-ce qu’un peu, à sa beauté.

 

Au couchant, on grimpe retrouver celles qui se sont installées sur les corniches rocheuses face à l’embouchure du Saguenay. La micro-fête se déploie l’espace de quelques brefs instants partagés : les autres, la musique, le chant, le sentiment des lieux, la chance d’être là. Le soleil revenu a, lui aussi, un air d’espoir. Rose au ciel. Comme pour nous emporter.​​

 

 

Kateri Lemmens

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