Pour que les menstruations débordent de nos bobettes
Article spécial dans le cadre de la
Journée mondiale des nettoyages
By William Gagnon
Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt
By William Gagnon
Building engineer LEED AP BD+C, LEED AP ND, LFA, ECO Canada EPt
Environment | Society | Case file
Ecoanxiety and the ecological grief, the new state of mind
Imagine you are walking through a forest by yourself in the woods, with your earphones on, lost into some deep thoughts. Suddenly, a bear appears a few metres ahead and it’s running towards you. Your body gears into a reaction, survival mode that we call fight or flight. This is how various animals fled from predators, and survived. This fight or flight mode is a constructive unpleasant emotion : it’s allowed us to evolve and survive up to this day.
Now you’re on the bus home reading the news. Melting glacier. Rising sea levels. Increasing carbon dioxide levels, and politicians stalling more than ever. You’re getting this very uncomfortable feeling. Depressed, anxious, sad, outraged : Ecoanxiety is also a Constructive Unpleasant Emotion; but you need to know what to do with it. However uncomfortable it might make us feel, however annoying it might be (we have a strong tendency to avoid thinking about it), we as a species need to figure out ways to react to it. It might just save our existence on this planet.
Watching the slow and seemingly irrevocable impacts of climate change unfold, and worrying about the future for oneself, children, and later generations, may be an additional source of stress (Searle & Gow, 2010). Albrecht (2011) and others have termed this anxiety ecoanxiety. Qualitative research provides evidence that some people are deeply affected by feelings of loss, helplessness, and frustration due to their inability to feel like they are making a difference in stopping climate change (Moser, 2013).
Now humans are faced with the threat of extinction -- yet we are slow at running away from the danger. We are bombarded with negative news on a daily basis and this is causing a lot of anxiety. We are slowly building a set of emotions that is helping us as a species survive this existential threat, and ecoanxiety is one of them: it’s a constructive unpleasant emotion, if you know how to channel it.
Some of us have an easier time expressing it, like Greta Thunberg; she is very open about her Asperger’s syndrome that allows her to see only black and white. In her TED talk, she explains that it is one of the reasons why she is speaking up about climate change.
Nos menstruations et la société
J’ai treize ans. Au restaurant, mes premières menstruations. Sur ma jupe, à la hauteur de mes fesses, une auréole rouge vif. Ma mère sort du restaurant, court devant la vitrine, revient avec son foulard resté dans la voiture. Me commande de l’attacher autour de ma taille. À tout prix, cacher le sang.
Jeunes, nos mères nous ont appris à dissimuler nos menstruations. À les cacher dans la salle de bain, là où personne ne les voit. À camoufler nos douleurs sans jamais les partager. Il faut subir ses menstruations sans que quiconque ne s’en aperçoive. Nos mères, tout comme nous, ont hérité des menstruations comme d’une honte.
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Nos mères, tout comme nous, ont hérité des menstruations comme d’une honte.
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Dans toutes les publicités, le schéma se répète. La protection hygiénique permet aux femmes de réaliser des prouesses olympiques : ski, équitation, escalade, voile, basket. Les représentations semblent diversifiées, mais elles véhiculent toutes le même message. Les serviettes hygiéniques et les tampons sont magiques pour nous. Ils nous donnent le pouvoir de faire tout ce qu’on voit à la télévision. Et si le paradigme changeait ?
Et si, enfin, on recevait une image des menstruations qui correspond davantage à la réalité, avec des femmes recroquevillées dans leur lit, sans brassière pour libérer les mamelons sensibles, des femmes avec un sac magique sur le ventre ou encore des femmes à l’urgence parce que leurs menstruations sont hémorragiques. Pourquoi est-ce qu’on ne livrerait pas une image dérangeante, choquante, inquiétante et fidèle des menstruations?
Nos menstruations et la planète
Avoir des menstruations n’est pas un choix. Mais nous pouvons choisir nos produits menstruels.
À treize ans, deux options s’offraient à moi : le tampon et la serviette jetable. En plus d’accumuler les déchets menstruels dans la poubelle, ma mère m’avait appris à envelopper d’autant de couches de papier de toilette nécessaires les articles souillés. Encore une fois, à tout prix, même au profit de la planète, cacher le sang.
Aujourd’hui, d’autres options existent. Elles ne sont pas encore partout, mais elles sont là. La coupe, les culottes menstruelles, les serviettes lavables ont les avantages d’être réutilisables, accessibles, confortables et saines pour nos corps. Réduire notre consommation de tampons et de serviettes, c’est réduire de manière considérable notre production de déchets. Les applicateurs en plastique sillonnent le monde par les océans, se désagrègent, s’immiscent et polluent les berges, la végétation, l’air que nous respirons. On le sait, mais on demeure aveugle. Et ce n’est pas sexy des déchets alors que la championne olympique nous montre comment Tampax lui permet de briser des records à la télévision. Au cours d’une vie, c’est anéantir 12 500 articles d’hygiène féminine[1]. Parler de ces solutions et de ces impacts dévastateurs à nos amies, nos mères, nos élèves (et à des inconnues, pourquoi pas!) c’est veiller sur nos premières maisons : la terre et le corps.
Nos menstruations sont politiques
Mettre en place des lois pour soutenir les besoins spécifiques des personnes menstruées — et je pense à toutes sortes de besoins tels que des congés au travail, des toilettes chimiques avec du savon et de l’eau (parce qu’on ne peut pas vider sa coupe les mains pleines de Purell), des descriptions de produits menstruels réglementés où nous savons ce que nous mettons dans nos corps, des culottes sans alkyls perfluorés et polyfluorés (PFAS), etc. — sont des changements urgents à apporter.
Il reste de l’espoir. Au Québec, de plus en plus de villes remboursent une partie de l’achat de produits menstruels durables pour réduire l’enfouissement de déchets, une procédure coûteuse pour nos municipalités[2].
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Un monde sans tabou, où parler de menstruations est aussi banal que de parler de la température
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D’infimes espoirs comme celui-ci en nourrissent d’autres. Celui d’un monde sans tabou, où parler de menstruations est aussi banal que de parler de la température. De femmes qui nettoient leur coupe menstruelle dans les toilettes publiques sans gêne. D’éducation à la sexualité et surtout, d’éducation concernant le rapport que nous entretenons avec notre corps. D’une conscience écologique qui s’invite dans nos pantalons. Bref, de menstruations qui débordent dans toutes les sphères de la vie.
Renversons les rapports de pouvoir exercés sur nos corps et sur notre planète.
Choisir consciemment de vivre nos menstruations sans plastique, c’est gagnant!
En ce Jour de la Terre, disons non merci au plastique dans nos océans et nos bobettes ;)
#sangdéchet
[1] Donnée prise sur la campagne #sangdéchet de Mme l’Ovary
[2] Donnée prise sur la campagne #sangdéchet de Mme l’Ovary