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Dossier: Partie 1 de 3

Le lien entre l'industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

Partie 1: La pollution par les microfibres

Mise en ligne 6 octobre 2021

Temps de lecture: 7 minutes

Recherche et texte par Anne-Marie Asselin

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Changement de saison rime avec nouvelles collections de vêtements et magasinage. C’est une bonne occasion pour jaser de l’impact de la mode, surtout avec la saison plus fraîche qui s’installe et le changement vestimentaire qui s’impose. Les vêtements ont une incidence majeure sur l’environnement et on l’oublie souvent. Voici un dossier vulgarisé dans le but de vous aiguiller et vous aider à mieux comprendre l’impact de nos garde-robes sur les cours d’eau et l’océan, mais surtout, comment intégrer de meilleures habitudes au quotidien.

En vidéo

Comprendre le lien entre l’industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

 

Canada | 2020 | 3 min 07 
Langue : FR

Réalisation: Organisation Bleue

Direction photo: Guillaume Shea Blais

Partie 1 de 3.

La pollution par les microfibres

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La problématique

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L’industrie de la mode et du textile est parmi les plus polluantes mondialement. Comment? Elle contribue à environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en raison des longues chaînes d'approvisionnement et de sa production à forte intensité énergétique. Ce secteur consomme plus d'énergie que les secteurs de l'aviation et du transport maritime réunis (United Nations Climate Change, 2018). Ces impacts s’étendent à plus de 92 millions de tonnes de déchets produits par an et 79 000 milliards de litres d'eau consommés (Niinimäki, K., Peters, G., Dahlbo, H. et al. 2020).

 

C’est l’entièreté du procédé qui est à blâmer, de l’usine de fabrication jusqu’à la fin de vie d’un vêtement. Chaque étape de la production a un impact sur l'environnement, causé par la consommation d'eau, les matériaux, les produits chimiques et l'énergie; de l'agriculture et de la production pétrochimique (pour la production de fibres), à la fabrication des textiles, la logistique, le transport , jusqu’à la vente au détail.

 

Mais de ces constatations alarmantes, il en ressort que les principaux impacts négatifs environnementaux sont liés à une phase souvent oubliée dans le processus: la phase d’utilisation (lavage, séchage, repassage). Plusieurs études et rapports incluent cette phase comme la plus importante en termes de pollution plastique et de l’impact négatif sur les cours d’eau et l’océan.

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La source: le lavage des vêtements faits à partir de matières synthétiques

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Dans le textile, la fibre synthétique est une fibre (ou un fil) produite à partir de matières dites synthétiques. Une matière synthétique provient presque exclusivement d'hydrocarbures, c’est en fait une fibre plastique. La première fibre plastique commercialisée est le nylon, en 1938. Depuis, de nombreux tissus synthétiques sont apparus et forment la majorité des fibres utilisées dans l’industrie de la mode.

« Près de 60 % des fibres textiles sont des fibres synthétiques. » 

Le polyester fait partie intégrante de notre quotidien. Pensez-y, vêtements d'entraînements, sous-vêtements, manteaux, maillots de bain, chandails chauds comme le polar, etc. Tous sont faits à partir de fibres synthétiques.

 

Et plus vous les lavez, plus vous contribuez à un problème d'envergure.

Liste des matières synthétiques que vous pouvez trouver sur les étiquettes:

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  • polyamide (nylon)

  • polyestère

  • polyacrylique (acrylique)

  • modacrylique

  • polyuréthanne (PET)

  • polypropylène

  • chlorofibres

  • elastane ( lycra, spandex)

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Lorsque le consommateur lave son vêtement fait à partir de matières synthétiques, des microparticules de plastique se libèrent dans l’eau de la laveuse, et ce, à chaque lavage. Les microfibres sont des microplastiques (des particules de plastique inférieures à 5mm) les plus présents dans nos océans.

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Ces microparticules se retrouvent alors dans les usines d’épuration des eaux. Sachant que la moitié de la population mondiale réside à moins de 100km de la côte, ces microparticules ont alors un fort potentiel d’entrée dans le milieu marin via ces systèmes d’eaux usées (Moore 2008; Thompson 2006) pour terminer leur chemin dans les cours d’eau, l’océan et les organismes vivants.

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Chaque année au Canada et aux États-Unis, 880 tonnes de microfibres sont rejetées dans les cours d'eau et l’océan. C’est énorme! De plus, les microfibres et les microplastiques absorbent des polluants comme des aimants. Ces molécules sont souvent chargées de fortes concentrations de métaux lourds, pesticides et autres autres produits chimiques toxiques. Ces microplastiques ont la capacité de poursuivre leur chemin dans la chaîne alimentaire et de se concentrer dans les tissus des espèces marines et de leurs prédateurs... notamment l'être humain.

 

« C’est une chose de nettoyer les océans des détritus visibles, par exemple le plastique à usage unique. Mais il n’y a pas encore de solutions miracles pour nettoyer\filtrer les microplastiques », nous explique Geneviève Tremblay, océanographe et cofondatrice de Moov Activewear.

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Vêtements faits de bouteilles de plastique recyclées ou de filets de pêche, c’est bien?

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Il existe des solutions sur le marché pour améliorer les procédés de fabrication des textiles, comme des tissus faits de plastique recyclé et de résidus de pêche par exemple. Lorsque vous achetez un produit fait de matières recyclées, vous contribuez positivement au détournement des déchets dans les dépotoirs. Du même coup, vous permettez l’économie d’eau et d’énergie dans les processus de fabrication. Malgré tout, il faut regarder plus loin que ça...

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Un des premiers problèmes, c’est le comportement humain. Le fait de consommer des vêtements en fibres recyclées a l’effet pervers d’encourager les individus à consommer plus de plastique à usage unique, en pensant que celui-ci sera transformé en vêtement. La fameuse pensée magique!

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Que la fibre soit neuve ou recyclée, elle demeure une fibre plastique. N’importe quel vêtement synthétique génère le même problème insidieux: la libération de microplastiques dans l’océan, causé par le processus du lavage (Boucher & Friot 2017). La bouteille retourne à la mer, ce n’est pas idéal, disons…

 

« Les fibres recyclées faites de bouteilles recyclées ou de filets de pêche devraient être utilisées pour de la décoration, du mobilier ou des items n’allant pas au lavage», nous indique Mme Tremblay.

 

Le marketing brouille souvent les cartes en jouant sur la bonne volonté du consommateur, et ça c’est de l’écoblanchiment. Le meilleur vêtement, c’est celui que vous possédez déjà et qui est fait de fibres naturelles.

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Alors que pouvons-nous faire? 

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Une façon simple de diminuer cette pollution plastique par les microfibres est de moins laver ses vêtements synthétiques et de laver à l’eau froide. Choisir des fibres naturelles est aussi une solution simple, quoi qu’un peu complexe quand il est question de choisir des vêtements performants pour le sport par exemple. Vous pouvez regarder pour des fibres biodégradables et dépourvu de plastique comme le lin, le chanvre, le lyocell, etc.

 

Le mot d’ordre dans ce cas est d’acheter moins, mieux et local. 

 

Mais la nécessité de changements fondamentaux dans le modèle commercial mondial de la mode presse. D’une part, un ralentissement de la production et l'introduction de pratiques durables tout au long de la chaîne d'approvisionnement sont nécessaires de la part des entreprises. D’autre part, un changement de comportement des consommateurs s’impose. Ces changements soulignent la transition vers la mode « lente », aussi connue sous le nom de «slow fashion», en minimisant et en atténuant les impacts environnementaux négatifs, afin d'améliorer la durabilité à long terme de la chaîne d'approvisionnement de la mode.

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Parce que oui, diminuer sa consommation vestimentaire et augmenter la durée de vie des vêtements a un impact considérable sur l’environnement, et ça, tout le monde peut y participer! 

 

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Voilà pour la partie 1.

La suite, dans une semaine, où l’on abordera la surconsommation et le cycle de vie de nos vêtements!

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Références

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  1. Boucher, J. & Friot, D. Primary Microplastics in the Oceans: a Global Evaluation of Sources. IUCN, Gland, Switzerland (2017)

  2. United Nations Climate Change. UN helps fashion industry shift to low carbon. unfccc.int https://unfccc.int/news/un-helps-fashion-industry-shift-to-low-carbon (2018).

  3. Niinimäki, K., Peters, G., Dahlbo, H. et al. The environmental price of fast fashion. Nat Rev Earth Environ 1, 189–200 (2020). https://doi.org/10.1038/s43017-020-0039-9

  4. EPirc, U., Vidmar, M., Mozer, A. et al. (2016) Emissions of microplastic fibers from microfiber fleece during domestic washing. Environ Sci Pollut Res,  23: 22206.

  5. WWF, Rapport sur l'habillement et les textiles. https://www.wwf.ch/fr/nos-objectifs/wwf-rapport-sur-lindustrie-de-lhabillement-et-des-textiles

  6. Moore J. (2008), Synthetic polymers in the marine environment: A rapidly increasing, long-term threat, Environmental Research, Volume 108, Issue 2, p. 131-139.

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