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Dossier: Partie 2 de 3

Le lien entre l'industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

Partie 2: La surconsommation et le cycle de vie

Mise en ligne 13 octobre 2021

Temps de lecture: 7 minutes

Recherche et texte par Anne-Marie Asselin

Changement de saison rime avec nouvelles collections de vêtements et magasinage. C’est une bonne occasion pour jaser de l’impact de la mode, surtout avec la saison plus fraîche qui s’installe et le changement vestimentaire qui s’impose. Les vêtements ont une incidence majeure sur l’environnement et on l’oublie souvent. Voici un dossier vulgarisé dans le but de vous aiguiller et vous aider à mieux comprendre l’impact de nos garde-robes sur les cours d’eau et l’océan, mais surtout, comment intégrer de meilleures habitudes au quotidien.

En vidéo

Comprendre le lien entre l’industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

 

Canada | 2020 | 3 min 07 
Langue : FR

Réalisation: Organisation Bleue

Direction photo: Guillaume Shea Blais

Partie 2 de 3.

La surconsommation et le cycle de vie

 

La problématique

L'industrie de la mode et du textile a un impact majeur sur les changements climatiques. Les marques de mode produisent aujourd'hui presque deux fois plus de vêtements qu'avant les années 2000, contribuant grandement aux émissions globales de gaz à effet de serre (Kirsi Niinimäki, 2020). Dans l’industrie du textile, l'utilisation de matériaux synthétiques issus du pétrole au détriment de fibres naturelles est devenue la norme. 

Les fibres synthétiques issues du pétrole sont bon marché et leurs utilisations dominent maintenant le marché. Elles facilitent certes la production de vêtements à faible coût, mais elles perpétuent aussi la dépendance de l'industrie à l'égard de l'extraction des combustibles fossiles, et ce malgré l’urgence climatique. Le bilan carbone ne fait que s'alourdir, alors que tous les secteurs économiques devraient emboîter le pas vers des pratiques plus éthiques et moins dommageables pour l’environnement.

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L'industrie continue de croître, en partie en raison de l'augmentation drastique de la fast fashion. Il s’agit d’un modèle économique fondé sur l'offre de nouveautés multiples, à bas prix et à la fine pointe des tendances, qui s'appuie sur la consommation récurrente et les achats impulsifs. Ce modèle économique connaît une croissance soutenue depuis maintenant deux décennies, mais où vont tous ces vêtements une fois portés, brisés, jetés ou donnés?

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«  

La veste la plus écologique est celle qui se trouve déjà dans votre placard… » 


- Lisa Williams, Chef de produit de Patagonia

La fin de vie des vêtements

Outre l’immense empreinte environnementale de la fast fashion, la problématique se poursuit jusqu’à la fin de vie des vêtements. Les pratiques actuelles de consommation de la mode entraînent de grandes quantités de déchets textiles, dont la plupart sont incinérés, envoyés à l’enfouissement ou exportés vers les pays en développement. Les dépotoirs débordent et le recyclage de masse des textiles n'est pas encore optimal, mettant l’emphase sur l’autre problème: le manque de débouchés pour recycler la matière textile. 

 

« Un Québécois jette à la poubelle en moyenne 24 kg de vêtements par année. 75% de ces vêtements sont encore portables! Demain matin, on pourrait habiller la planète au complet », souligne Myriam Laroche, Stratège sénior en développement durable du textile et du vêtement. 


Par exemple, si vous mettez un vêtement d'entraînement déchiré aux poubelles, il prendra entre 50 et 400 ans pour se dégrader dans l’environnement. Donc si vous avez moins de 50 ans, tous les vêtements synthétiques que vous aurez possédés dans votre vie existent encore à jour, dans une forme ou une autre. Le textile fait de fibres plastiques peut ainsi prendre autant de temps à se décomposer qu’une bouteille plastique.

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Lors de sa décomposition, les matières synthétiques se répandent dans les sols, l’eau et l’air. Les polymères et les colorants utilisés pour fabriquer et teindre les vêtements continuent de relâcher des substances toxiques dans les sites d’enfouissement, contribuant également à la contamination des sols.

 

 «

Il faut entre 50 et 400 ans à un vêtement synthétique

pour se dégrader dans l’environnement.

»

Dès l'étape de la fabrication, 15 % de tout le textile utilisé se retrouve au sol sous forme de retailles (Fashion Revolution, 2015). La plupart des retailles sont directement acheminés à l’enfouissement ou l’incinération. Pour ajouter au lourd bilan des déchets textiles, 20 % des retours d’achat en ligne finissent à l’enfouissement parce qu'ils ne peuvent pas être revendus par le détaillant, expose l’étude de Green Story, 2020. Et pour les surplus et les invendus, du point de vue du détaillant, donner les produits dévalorise la valeur de la production. Les vêtements restants sont donc souvent incinérés ou déchiquetés pour être jetés. 

Du point de vue du consommateur, acheter fréquemment de nouveaux morceaux de vêtements implique de faire de la place régulièrement dans sa garde-robe. Au Canada, près du trois quarts des vêtements qui arrivent dans les friperies ne connaîtront pas de deuxième vie. Le contenu de certaines boîtes de dons n’arrive jamais jusque dans les lieux de revente, il y a simplement trop de dons de vêtements pour la demande. Ainsi, de 80 à 90 % des vêtements donnés ne sont pas revendus au Canada, selon Statistiques Canada. Les vêtements sont plutôt placés dans des ballots et expédiés dans des pays en développement. Un peu comme le plastique, on envoie nos «indésirables» vers d’autres pays, à défaut de les gérer.

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Les vêtements en matières recyclés, n'est-ce pas une solution efficace ?


Si on se penche sur le cycle de vie de la matière, recycler des bouteilles plastiques ou des filets de pêches s'avèrerait une fois de plus la mauvaise option. En effet, les bouteilles en plastique peuvent être facilement collectées pour être recyclées plusieurs fois en bouteille. Ceci constitue donc une solution efficace et circulaire contribuant à réduire les déchets plastiques et réutiliser une matière parfaitement recyclable. Mais une fois transformé en vêtements, le plastique ne peut plus être recyclé, sortant de la boucle du recyclage pour plutôt terminer inévitablement aux poubelles. L’industrie de la mode devrait sérieusement s'attarder à réduire leur impact sur l'environnement, freiner la surproduction et réduire drastiquement leur dépendance aux combustibles fossiles pour la fabrication de fibres, même si celles-ci sont recyclées. Il faut penser davantage de façon circulaire.

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Changer de trajectoire

La mode circulaire est un concept qui prend de plus en plus d’ampleur. Selon Myriam Laroche, c’est une mode où il n'y a aucune perte et aucun gaspillage. C’est d’intégrer des vêtements de seconde main à notre garde-robe, transformer des pièces désuètes ou les recycler. Le but ultime, c’est que le cycle de vie d’un vêtement soit circulaire, exprime-t-elle. 

 

Pour les entreprises, c’est avantageux d’utiliser des matières premières recyclées, car celles-ci peuvent coûter jusqu’à 10 fois moins cher que les matières premières vierges. La relation que nous avons avec la mode a un impact collatéral et significatif sur les ressources de notre planète. L’économie circulaire présente un intérêt économique et une opportunité tangible de participer au tournant environnemental pour les marques. Alors que nous sommes confrontés à des défis environnementaux et sociaux urgents causés par les changements climatiques et l'épuisement des ressources, l'efficacité des solutions pour l'industrie de la mode dépendra de la créativité, de l'innovation et de l'audace, démontre le rapport Quantis, 2020. 

 

Mais le potentiel de changement est aussi entre les mains des consommateurs.

Produire et acheter local a un impact politique, économique, social et environnemental. En achetant local, on favorise le développement d’entreprises québécoises et canadiennes, ainsi que la création d’emplois autour de nous, selon Madame Laroche. L’individu a un pouvoir déterminant sur l’industrie et chaque dollar dépensé dicte les nouvelles normes. Mieux investir dans nos vêtements fait partie de la solution, et intégrer plus de pièces de seconde main au quotidien.

 

À l’ère où tous les vêtements sont massivement produits et revendus à travers les mêmes magasins aux quatre coins du monde, n’est-ce pas plus excitant d’acheter un morceau unique et de grande qualité, que vous pourrez styliser et chérir à travers le temps ?

Voilà pour la partie 2.

La suite, dans une semaine pour parler des solutions, juste des solutions!

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Références

  1. Fondation Ellen MacArthur (2017). A New Textiles Economy : Redesigning fashion’s future 2

  2. Gouvernement du Québec (2015). S’informer/textiles — Présentation de l’industrie, ministère de l’Économie, Science et Innovation.

  3. United Nations Climate Change. UN helps fashion industry shift to low carbon. unfccc.int https://unfccc.int/news/un-helps-fashion-industry-shift-to-low-carbon (2018).

  4. Niinimäki, K., Peters, G., Dahlbo, H. et al. The environmental price of fast fashion. Nat Rev Earth Environ 1, 189–200 (2020). https://doi.org/10.1038/s43017-020-0039-9

  5. WWF, Rapport sur l'habillement et les textiles. https://www.wwf.ch/fr/nos-objectifs/wwf-rapport-sur-lindustrie-de-lhabillement-et-des-textiles

  6. Circular. (2020). https://www.circularonline.co.uk/news/clothes-made-from-recycled-plastic-bottles-adding-to-fashions-waste-crisis/

  7. https://www.globalfashionagenda.com/

  8. Fashion revolution, White paper (2015). https://www.fashionrevolution.org/wpcontent/uploads/2015/11/FashRev_Whitepaper_Dec2015_screen.pdf

  9. Quantis report (2018), https://quantis-intl.com/

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