Asphyxie
Carnet de bord 07 de l'Expédition Bleue
Mis en ligne le 26 septembre 2022
Co-écrit par Tina Laphengphratheng, Viridiana Jimenez-Moratalla & Anne-Marie Asselin
Photos par Viridiana Jimenez-Moratalla
À bord de l’impressionnant voilier Ecomaris, un équipage diversifié, mené par 7 femmes, dont certains issus de la communauté LGBTQ2+ et leurs acolytes participeront au projet qui parcourra le golfe du Saint-Laurent et ses rivages pendant près de trois semaines pour étudier et documenter la pollution plastique et témoigner des changements climatiques.
Durant le périple de 20 jours au coeur du golfe du Saint-Laurent, nous publierons une panoplie de carnets de bord, microrécits et cartes postales, le tout produit par l'équipe à bord du voilier.
Bienvenue à bord!
Asphyxie
Debout sur le pont, on regarde le large à la recherche de souffles. Le souffle des baleines, le pouls du Saint-Laurent. On craint de les voir disparaître, prises au piège dans un monde qu’on a débalancé.
Les eaux meurent et on continue, on s’enfonce dans le désastre. On s’étourdit de voyages, de travail, de sorties, de repas au restaurant. Hypocrisie. On soulage notre culpabilité avec le recyclage, le compost, le « réutilisable », le gazon qu’on n’a pas coupé au mois de mai – on nie l’impact de nos modes de vie frénétiques et destructeurs.
Devant l’immensité, loin du quotidien, on se demande que deviendrons-nous, est-il trop tard, pouvons-nous inverser le courant?
Viridiana, Biologiste marine et spécialiste des communications, est entrain de faire de l'observation active de mammifères marins. Elle cherche attentivement des souffles à la surface.
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Devant l’immensité,
loin du quotidien,
on se demande que deviendrons-nous, est-il trop tard,
pouvons-nous inverser le courant?
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Il reste des lueurs. On pense au phytoplancton. Sa capacité à transformer l’énergie du soleil et le dioxyde de carbone en oxygène, cette essence vitale. On se questionne. Le retour à l’homéostasie est-il encore possible ? Comment la rétablir ?
Il suffirait de ralentir. Apprendre à cohabiter en symbiose. Cesser d’exploiter aveuglément nos ressources, de surconsommer, le temps que le monde s’ajuste.
Le temps que le Saint-Laurent reprenne son souffle.