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Dossier: Partie 3 de 3

Le lien entre l'industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

Partie 3: Redessiner l'avenir de la mode

Mise en ligne 20 octobre 2021

Temps de lecture: 7 minutes

Recherche et texte par Anne-Marie Asselin

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Changement de saison rime avec nouvelles collections de vêtements et magasinage. C’est une bonne occasion pour jaser de l’impact de la mode, surtout avec la saison plus fraîche qui s’installe et le changement vestimentaire qui s’impose. Les vêtements ont une incidence majeure sur l’environnement et on l’oublie souvent. Voici un dossier vulgarisé dans le but de vous aiguiller et vous aider à mieux comprendre l’impact de nos garde-robes sur les cours d’eau et l’océan, mais surtout, comment intégrer de meilleures habitudes au quotidien.

En vidéo

Comprendre le lien entre l’industrie de la mode et la pollution plastique

En collaboration avec Moov Activewear

 

Canada | 2020 | 3 min 07 
Langue : FR

Réalisation: Organisation Bleue

Direction photo: Guillaume Shea Blais

Partie 3 de 3.

Redessiner l'avenir de la mode

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Chaque année, des millions de tonnes de vêtements sont produits, portés et jetés. Chaque seconde, l'équivalent d'un camion à ordures chargé de vêtements est brûlé ou enfoui (Fondation Ellen MacArthur, 2018). Que ce soit la pollution engendrée par la surconsommation, la surproduction ou la contamination de l’environnement à grande échelle, l’industrie de la mode et du textile a un impact indéniable sur l’environnement et l’océan.

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Pour résoudre ce problème, la mode doit redessiner son avenir.

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Cette vision nécessite en effet la collaboration de plusieurs instances sur l’ensemble du cycle de vie des vêtements; tant du producteur, du détaillant, que du consommateur et de la politique.  Elle nécessite des investissements importants, des innovations à grande échelle, de la transparence et de la traçabilité.

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«  

Chaque seconde,

l'équivalent d'un camion

à ordures chargé de vêtements est brûlé ou enfoui dans un site d’enfouissement 

»  


- Fondation Ellen MacArthur

Mais qu’en est-il de cette transition? Par où commencer en tant que détaillant ou producteur textile? Quelles sont les solutions pour les consommateurs? Et le gouvernement? Ce nouveau système est en pleine évolution, et le Québec se trouve aux premières loges. Ayant été longtemps le plus important secteur d’activité manufacturière du Québec, l’industrie québécoise de l’habillement poursuit sa délocalisation vers les pays d’Asie et laisse désormais la place aux textiles techniques, selon Recyc-Québec (2018). Les entreprises manufacturières de textile au Québec sont encore présentes dans des activités telles que : les fibres, les fils, le tissage, les non-tissés, les tricots, la finition et le revêtement. L’industrie québécoise du textile représente plus de 12 000 emplois répartis dans plus de 600 entreprises, toujours selon cette même source.

Recourir à l’écoconception: l’histoire de deux québécoises tissées serrées

 

Contrer la pollution dans l’océan grâce à de nouvelles fibres biodégradables et dépourvues de plastiques, c’est possible et deux entrepreneuses québécoises s’y sont attardées! 

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L'industrie de la mode est l'une des principales responsables de l'introduction de microfibres plastique dans l’océan. Pour éviter la libération de microplastiques durant la phase d’usage et d’entretien, une nouvelle génération de fibres textiles est en train de voir le jour. Chez Moov Activewear, il est indispensable de travailler d’un bout à l’autre du cycle d’exploitation afin de faire une réelle différence, selon leur philosophie. Geneviève et Stéphanie Tremblay, toutes deux cofondatrices et sœurs, ont plutôt la «fibre des affaires»; elles sont au cœur de la transition écologique de l’industrie!

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Photo de Geneviève et Stéphanie Tremblay, cofondatrices de Moov Activwear 

Dans une perspective circulaire et de transparence, de plus en plus de marques, comme Moov Activewear, ont recours à l’écoconception. Pour les sœurs Tremblay, le défi était de développer une fibre qui conserve toutes les particularités et les avantages d’une fibre synthétique, mais avec une composition aussi près de la nature que possible. 

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« Nous avons conçu un tissu biodégradable à 80% pour nos leggings qui garderont les mêmes standards de qualité que des produits synthétiques soit: le gainage, la versatilité, la « respirabilité », le confort, la tenue en place et la durabilité», nous explique Geneviève et Stéphanie Tremblay. 

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La technologie utilisée fait partie d'une nouvelle génération de fils durables. C’est par un procédé chimique complexe, mais non dommageable pour la nature que la fibre synthétique de nylon se voit modifiée pour la rendre biodégradable sans perdre ses qualités initiales. Le Bio-MoovflexTM, nom donné à la fibre, ne libère aucune microparticule de plastique lors du lavage, évitant ainsi la libération de microfibres dans le rejet des eaux.

du lavage, évitant ainsi la libération de microfibres dans le rejet des eaux.

De plus, leur tissu tout aussi performant qu’un spandex standard possède la capacité de se décomposer au bout de 4 années dans les conditions anaérobiques des sites d’enfouissement, plutôt que 400 ans (comme la plupart des fibres synthétiques). Aucune chance qu’il se décompose sur vous! Selon ses fondatrices, le futur de l’industrie du textile et de la mode réside dans l’innovation et le savoir-faire, afin d’avoir un réel impact positif sur l’environnement et l’économie locale.

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Qu'est-ce que l'écoconception?

L’écoconception est un terme désignant la volonté de concevoir des produits respectant les principes du développement durable et de l'environnement, recourant « aussi peu que possible aux ressources non renouvelables, en préférant l'utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de renouvellement et associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage », selon l'Agence de la transition écologique française

La réduction à la source: l’histoire des filtres pour les machines à laver à ces premiers balbutiements

 

Saviez-vous qu’à partir de janvier 2025, toutes les nouvelles machines à laver en France devront être équipées d'un filtre pour empêcher les vêtements synthétiques de polluer les cours d'eau? La France devient ainsi le premier pays au monde à prendre des mesures législatives pour lutter contre la pollution par les microfibres plastiques; une première mondiale à adopter une loi aussi unique. « Dans 5 ans, la France évitera le déversement de 500 tonnes de microfibres dans les eaux usées et dans l’environnement » , déclare Mojca Zupan, directrice générale de PlanetCare, le filtre qui sera commercialisé chez nos voisins français.

 

Au Canada, installer des filtres conçus pour les machines à laver dans la plupart des ménages canadiens est une option envisageable. Ceux-ci permettent d’emprisonner au moins 87% des microfibres relâchées lors des lavages à la maison, ce qui s'avère très efficace, (Grame.org, 2020).

 

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Des filtres conçus pour

les machines à laver permettent d’emprisonner au moins

87 % des microfibres relâchées

lors des lavages.

»

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En collaboration avec l’organisme le Grame, les ambassadeurs Pour un fleuve plus propre participent présentement à un projet pilote unique au Québec, permettant d'évaluer le potentiel d'une telle mesure sanitaire dans la province.

 

Grâce à ce projet de science citoyenne, il sera possible de créer et partager des connaissances collectivement. Ce sont présentement 30 ambassadeurs, dont nous-mêmes, qui testent le filtre domestique. Tous et toutes se sont engagés à collecter les microfibres retenues pendant 6 mois et partager leurs expériences. Une analyse révélatrice, puisque la quantité de matières collectées par ces filtres est impressionnante.

 

Ces données servent à évaluer l'efficacité des filtres et estimer la quantité de microplastiques détournée des cours d’eau. Cette initiative aidera à préparer le Québec à une adoption systématique de filtres à microfibres dans les domiciles, un peu comme en France. Lutter la pollution grâce à une meilleure législation peut s’avérer ici une bonne option. En amenant les détaillants de machines à laver, en plus des québécois et québécoises à adopter les filtres, cette mesure pourrait permettre une réelle réduction à la source des microplastiques dans le Saint-Laurent et l’océan.

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Image d'un filtre à machine à laver, pour récolter les microfibres à chaque lavage, Grame.org

Changer de paradigme

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De plus en plus de boutiques de seconde-main haut-de-gamme voient le jour en ligne et sur les rues commerciales. Par exemple, depuis un an, le détaillant québécois Simons, vend des articles de seconde main de marques de luxe sur sa plateforme en ligne. 

 

Que le vêtement soit neuf ou usagé, la rareté d’un morceau signé et de grande qualité amène aujourd’hui beaucoup de valeur.

 

Mais pour se faire, l’industrie doit concevoir une nouvelle génération de vêtements destinés à être :

 

  • utilisés plus souvent et plus longtemps;

  • fabriqués pour être réutilisés, réparés et recyclés;

  • fabriqués à partir de matières premières sécuritaires pour l’environnement, la santé et renouvelables.

 

Le public est de plus en plus conscient de l'impact environnemental de l'industrie de la mode. Les consommateurs ont beaucoup d’attentes par rapport aux façons de faire et l’innovation dans l’industrie. La mise en œuvre de la circularité offre l'occasion d'évaluer et d'améliorer les modèles d'entreprises actuels, tout en offrant une opportunité unique de créer de nouveaux emplois. Ce nouveau modèle permet de créer une relation transparente et à l’écoute des consommateurs. Ainsi, en cohérence avec l’économie circulaire et l’approche du cycle de vie du textile, le consommateur a un grand rôle à jouer dans la transition.

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« Il est essentiel que nous agissions dès aujourd'hui en faveur de la circularité, même si nous ne disposons pas encore de toutes les informations nécessaires et de toutes les solutions pour créer un système de mode circulaire. Ce n'est qu'en testant et en essayant que nous trouverons les solutions. » - Morten Lehmann, Directeur de la durabilité, Global Fashion Agenda.

 

Mais une chose est sûre, ENSEMBLE, nous pouvons rendre la mode circulaire chose courante et contribuer à lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Parce que tout le monde, sans exception, doit mettre la main à la pâte!

 

Tout le monde possède le pouvoir de redessiner l’avenir. 

 

 

Ceci met fin au dossier 2021 de l’automne. Merci d’avoir lu cet ouvrage en 3 partie, et de vous y être attardé. J’espère que vous aurez appris plusieurs choses pour vous aider à faire de meilleurs choix pour votre garde-robe. 

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Références

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  1. Fondation Ellen MacArthur (2017). A New Textiles Economy : Redesigning fashion’s future 2

  2. Gouvernement du Québec (2015). S’informer/textiles — Présentation de l’industrie, ministère de l’Économie, Science et Innovation.

  3. ADEME (2011), Étude d'opportunités sur l’écoconception de produits (biens et services), les modèles d’affaires et l’écologie industrielle, étude réalisée pour le compte de l’ADEME par I Care Environnement, ENEA Consulting.

  4. 17 Sustainable Brands (2017). Trending : Flyleather, ACR Advance Circular Textiles ; But Is True Circularity a ‘Fantasy’ ?

  5. Article sur la nouvelle loi en France (2020). https://www.plasticethics.com/accueil/2020/4/10/la-france-mene-la-lutte-contre-les-microfibres-plastiques

  6. Produits de textiles et d'habillement (2018). https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-textile.pdf

  7. Global Fashion Agenda report (2018). https://www.globalfashionagenda.com/

  8. Fashion revolution, White paper (2015). https://www.fashionrevolution.org/wpcontent/uploads/2015/11/FashRev_Whitepaper_Dec2015_screen.pdf

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